Le sauvetage de la dernière vache flamande : Runione

Le sauvetage de la dernière vache flamande : Runione

Avec un ami « bovinologue », nous avons décidé d’acheter en 2009 la dernière vache flamande originelle encore vivante - Runione.

C'est quoi, la vache flamande ?

Originelle, cela veut dire qui est de souche pure, sans avoir été plus ou moins croisée, avec la Rouge danoise, comme la plupart de ses consœurs. En réalité elle en possède un peu, mais de façon très minoritaire (11%).

La race Flamande est une belle vache de couleur acajou, qui vivait autrefois dans le nord de la France, comme son nom l’indique, mais que l’on trouvait largement répartie jusqu’en Picardie et en Ile-de-France. Elle était considérée comme la meilleure race laitière.

Jusqu’au jour où a débarqué la « Hollandaise », devenue aujourd’hui la Prim’Holstein… vous savez, ce sont les vaches noir et blanc que l’on trouve partout dans les campagnes. De véritables usines à lait, qui au bout de 3 ou 4 lactations sont bonnes pour la boucherie tant elles sont épuisées.

La Flamande, elle, a longtemps résisté. Mais on l’a croisée avec sa cousine danoise pour améliorer ses performances face à la Prim’Holstein. Si bien qu’aujourd’hui il ne reste plus qu’un peu plus de 2 000 vaches plus ou moins croisées et aucune qui ne soit de souche originelle.

Vache Prim'Holstein actuelle (une usine à lait)

Le sauvetage de Runione

Aucune, sauf Runione ! C’est elle que nous avons achetée. Elle se trouvait chez un éleveur du Pas-de-Calais. Elle avait 9 ans en 2009 ce qui est à la fois assez jeune pour une vache, mais déjà un peu vieux pour animal qui a tant donné (de lait !). Son avenir à court terme était de finir en steaks. Pourtant Runione a été la meilleure laitière de sa race.

Nous avons lancé un Bovithon en 2009 pour nous aider à acheter Runione. Ce fut un très gros succès et nous avons ainsi récolté deux fois le prix de la vache, ce qui a permis de payer les frais qui ont suivis ! Nous avons demandé à ce qu’elle soit inséminée avec de la semence congelée ayant appartenu à un taureau qui vivait dans les années 1960, connu pour son excellence (vive la cryoconservation de la semence !).

En janvier 2010, Runione est arrivée chez un ami éleveur qui la prise en pension. Ce ne fut pas facile, vu les conditions météo exécrables ! La petite trentaine de kilomètres à parcourir dans la campagne enneigée du Pas-de-Calais se transforma en véritable expédition. Mais Runione est arrivée à bon port chez l’ami Grégory !

Naissance d'une jolie génisse, Flandrine

Le 9 mai 2010 au matin, Runione a donné naissance à une petite génisse – Flandrine – dont le nom est un rappel de ses origines et aussi parce que nous voulons qu’elle soit le symbole du renouveau de cette race flamande. Malgré son pis de compétition (Runione est avant tout une super laitière) qui trainait presque par terre, la mère a pu correctement nourrir sa fille.

Flandrine est encore plus « originelle » que sa mère car elle est Flamande à 94,5% ! Nous avons essayé de ré-inséminer Runione à l’automne 2010, mais en vain. Fin novembre 2010, un cancer (probablement de l’utérus) très avancé, a été diagnostiqué. Elle ne se nourrissait plus si bien qu’on a dû l’abattre le 9 décembre … C’est une vraie perte (affective) car Runione est le point de départ d’une nouvelle aventure. Cela dit, mourir à 11 ans pour une vache c’est plutôt bien quand on sait que la plupart des vaches laitières finissent en steaks à 5 ou 6 ans…

Mais Runione nous a laissé Flandrine et c’est sur elle que repose nos espoirs. La génisse continue sa croissante et devient une jeune demoiselle avec un caractère assez trempé. Ses petites cornes sont en train de pousser. Il va falloir nous armer de patience car elle ne sera pas apte à la reproduction avant 2012…

Et la suite ? 

Mais nous vous tiendrons au courant, bien sûr, de la suite des aventures de notre petite génisse flamande !

En ces temps où la biodiversité est considérée comme un enjeu primordial, il n’est pas inutile de rappeler que la biodiversité domestique est aussi importante, d’un point de vue culturel, patrimonial, génétique et scientifique, que la biodiversité du monde sauvage. Sauvez une race domestique est un devoir car sinon c’est un pan de cette diversité génétique qui s’en va.

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